25 novembre 2017

Les Catherinettes

"Jeune fille et plus spécialement modiste qui est encore célibataire à 25 ans. (On dit alors qu'elle coiffe sainte Catherine)" Définition trouvée dans le Grand Larousse en 5 volumes.
Il semblerait que cette tradition soit aujourd'hui tombée en désuétude. Elle persiste pourtant à Vesouls qui organise ce jour le concours des Catherinettes qui arborent des chapeaux de couleur jaune (sagesse) et vert (espoir).

Mais il fut un temps ... "Le 2 novembre, jour de la Sainte Catherine, la tradition veut [ ] que toutes les maisons de couture ferment leurs portes pour fêter les ouvrières et les employées qui, ayant vingt-cinq ans cette année-là, sont encore filles ! Fête grandiose, donnée à bureaux fermés, suivie d'un bal entre femmes qui peut durer jusqu'au matin. Ce jour-là, l'espace entier de la maison, salons comme ateliers, est exceptionnellement ouvert à tous, personnel et direction regroupés dans une abolition de la hiérarchie impensable le reste du temps.
Cette transe n'a lieu qu'une fois l'an. 
Est-ce pour consoler les catherinettes de ne pas s'être trouvé de mari qu'on les célèbre avec tant de vigueur ?
N'est-ce pas plutôt pour les féliciter de leur célibat ? Car si une cousette n'est pas mariée à vingt-cinq ans - âge considéré autrefois comme plus avancé qu'aujourd'hui -, elle manifeste par là que c'est fait, elle est entrée en religion, elle a bien la vocation de la couture !
Quant au bonnet, cet échafaudage baroque amoureusement réalisé de main de maître, tout aussi "fou" que doit être l'ampleur de la vocation de couturière, c'est un chef-d’œuvre, au sens même où on l'entendait dans les anciennes corporations." (p. 323-324)

Ce texte est extrait du livre 
édition avril 2003
Madeleine Chapsal, filleule de Madeleine Vionnet, a grandi au milieu de la Haute Couture. En effet, sa mère Marcelle Chaumont fut la principale collaboratrice de Vionnet de 1912 à 1939. Elle fait le récit de cette enfance dans ce livre. De fait, elle témoigne d'un monde à jamais disparu, en faisant appel à ses souvenirs, mais aussi au travers d'entretiens qu'elle a eu bien des années plus tard avec les ouvrières.

"- En 1928, j'ai eu vingt-cinq ans et c'est moi qui ai gagné le concours ! me dit avec excitation Jeanne Mardon.
Elle court ouvrir sa commode pour en extraire quelques vieilles coupures de presse jaunies.
- Quel concours ?
- Eh bien, celui des bonnets ! Regardez, là, c'est moi ! Cette année-là, tous les bonnets devaient être fabriqués avec le papier du Petit Parisien qui, en 1928, avait organisé le concours. Il m'en a fallu des numéros ! Mais nous habitions Levallois avec mes parents, et tous nos voisins [ ] ont contribué en m'apportant leurs exemplaires... Voyez, mon bonnet représente une grande toile d'araignée, avec l'araignée au milieu ! Quel travail à confectionner : il a fallu tout découper, monter sur laiton, coller!
[ ] Au côté du premier prix, deux autres jeunes femmes de vingt-cinq ans sont elles aussi couronnées de papier journal artistiquement découpé. (p. 324)

Cela pourraient être elles.
Mais cette photo a été prise en 1924, et ce sont des catherinettes du couturier Béchof.
J'ai trouvé cette photo p. 58 dans 
Édition de mars 1996

[ ] - Vous avez reçu un prix pour votre bonnet ?
- Mon nom était dans tous les journaux. Mais je n'avais rien dit chez Vionnet, et le 26 novembre au matin, quand j'arrive, j'apprends que Monsieur Trouyet [le directeur] me réclame. 
[ ] Je crois qu'il ne m'avait jamais encore adressé la parole. Il me dit : "Alors, comme çà, on gagne le prix des catherinettes ? Et il est où votre bonnet ? - A la maison Monsieur. - Allez le chercher!" Je suis retournée à Levallois, j'ai ramené mon bonnet. Monsieur Trouyet m'a demandé de m'en coiffer, puis il m'a fait faire lui-même tout le tour de la maison. Ensuite, il m'a donné une prime : cinq cents francs ! C'était énorme, j'étais bien contente.
Monsieur Trouyet aussi devait être satisfait : à côté du nom de Jeanne, dans tous les journaux, s'étalait celui de la maison Vionnet. (p. 325)

-N'est-ce pas beaucoup de travail supplémentaire ?
- Bien sûr, mais tout le monde est content de réaliser sa propre création. Et c'est la fête.
Unique occasion, dans l'année, où la créativité de chacun peut se donner libre.
Jeanne Mardon me montre encore quelques belles photos de Sainte-Catherine, prises chez Vionnet :
- Ce qu'on l'attendait, ce jour-là ! En 1930, c'est moi qui est eu l'idée du déguisement de notre atelier : nous étions toutes en grenadiers ! On passait un film d'époque aux Champs-Elysées, et j'ai recopié exactement l'uniforme du grenadier de l'affiche. 
Le concours a lieu entre tous les ateliers de la maison. Un autre a habillé ses ouvrières en abeilles." (p. 326)

Ici, en 1947, des catherinettes se sont déguisées en zouaves moustachus et posent joyeusement devant la statue de la place de la Concorde. Mais la légende ne dit pas dans quelle maison de couture elles travaillent
p. 63 - Archives de la mode
Ce jour-là, même la reine des abeilles, Madame Madeleine Vionnet, consent à sortir de son alvéole - c'est-à-dire de son studio - pour trôner quelques heures parmi ses ouvrières. (Habituellement, elle ne circule pas dans sa maison : on vient à elle).
Double page : 64-65 -Archives de la mode
Aucune date de prise de vue n'est indiquée dans le livre Archives de la mode. 
Mais cette photo est aussi présente dans 
Edition de novembre 2012
que j'ai consulté pour écrire cet article, et qui date cette photo en 1925.

19 novembre 2017

Petit sac pour jouer à la dinette

Fournitures
- 55 cm x 40 cm de cotonnade
- fil de couleur assortie

Coupe : Les valeurs de couture sont comprises (7 mm = repère bord du pied de biche)
Pour tout savoir sur les repères cliquer ICI

- corps du sac : 
pour les tissus n'ayant pas de sens un morceau de 42 cm x 30 cm (A) 
(cela correspond aux dimensions d'une feuille format A3 sur tissu déplié, ou aux dimensions d'une feuille format A4 posée sur le pli du tissu plié en deux)
pour les tissus ayant un motif avec sens deux morceaux de 30 cm x 21 cm (B). 
Les photos correspondent à cette situation.
 
- anses : deux morceaux de 25 cm x 5 cm  
(à remplacer par de la sangle si vous en avez sous la main)

Plier le corps du cas en deux endroit contre endroit.
Pour un seul morceau A piquer les deux petits côtés.
Pour deux morceaux B, piquer sur trois côtés.
Surfiler les deux épaisseurs ensemble. Cranter les angles.
 Pour le modèle A, marquer le pli du bas du sac au fer à repasser.
Placer la couture d'un côté sur la pliure (ou piqûre) du bas du sac.
Sur le triangle ainsi formé, tracer le trait de piqûre.
Pour ce sac, la longueur du trait (qui correspond à l'épaisseur du sac) est de 4 cm.
Pour tracer un trait à angle droit (qui permet d'avoir la même distance de part et d'autre de la couture de côté), mesurer la distance par rapport au coin du triangle.
Piquer sur le trait.
 Couper l'excédent de tissu à 5 mm.
Répéter ces opérations pour l'autre angle.
Confectionner les anses pour obtenir deux bandes d'environ 2 cm de large.
Préparer le haut du sac.
premier pli de 1cm
deuxième pli de 2 cm
 Avant de coudre l'ourlet, insérer les anses.
Espacer les deux extrémités de 8 à 10 cm.
Piquer l'ourlet avec les anses dirigées vers le bas.
Puis rabattre les anses vers l'extérieur et les maintenir par une piqûre.
Repasser les plis pour donner une forme parallélépipédique au sac, 
deux sur chaque petit côté, deux dans le fond,
espacés à chaque fois de 4 cm (épaisseur du sac).
 Exécuter une piqûre nervure sur tous les plis.

Le sac terminé mesure environ 23,5 cm x 16 cm x 4 cm.